Notice sur richard de Saint-Victor par mgr Hugonin, évéque de Bayeux, licencié ès-lettres de la Faculté de Paris, ancien élève de lécole ecclésiastique des carmes. (PL CXCVI Pg XIV)
Notice sur richard de Saint-Victor par mgr Hugonin, évéque de Bayeux, licencié ès-lettres de la Faculté de Paris, ancien élève de l’école ecclésiastique des carmes. (PL CXCVI Pg XIV)
Richard naquit en Ecosse. Les biographes ne disent pas en quelle année, ni de quels parents, ni quelle fut sa premier éducation. Comme Hugues, son maitre, il quitta de bonne heure sa patrie. Il vint á Paris, attiré peut-être par la réputation des professeurs qui enseignaient dans cette capitale ; peut-être conduit par le seul désir de se consacrer à Dieu dans une communauté aussi célèbre par sa science et par sa piété, que celle des chanoines de Saint-Victor. Il prit dans cette maison l’habit de chanoine et fit profession entre les mains de Gilduin. Il n'était pas rare de voir, á cette époque, des jeunes gens d’outre-mer, chercher en France, ou la science dans ses écoles publiques, ou un asile paisible dans les nombreux monastères qui florissaient de toutes parts.
Nous y rencontrons presque en même temps, Achard, philosophe distingué et profond théologien, qui fut abbé de Saint-Victor, et plus tard évêque d’Avranches; Adam da Petit-Pont, disciple d’Abélard, qui enseigna lui-même avec éclat la grammaire, la rhétorique et la philosophie ; Jean de Salisbury, Robert de Malun, et tant d’autres qu’il est inutile de mentionner ici. Nous connaissons peu de détails sur la vie de Richard á Saint-Victor. Les annales de cette abbaye, écrites par Simon Gourdan, vantent sa piété et son zélé pour le maintien de la discipline. Il fut d’abord sous-prieur ; c’est en cette qualité qu’il souscrivit, en 1157, une convention entre l’abbaye de Saint-Victor et Frédéric, seigneur de Palaiseau. Il devint ensuite prieur, et il se conduisit avec une rare prudence dans les circonstances les plus délicates. L'abbé Ervise, anglais de naissance, n’était ni un moine édifiant ni un administrateur habile.
La communauté de Saint-Victor avait fleuri jusqu’à lui sous la sage direction de Gilduin, d'Achard et de Gautier. Ervise dissipa ses biens et faillit ruiner sa discipline. Alexandre lll fut témoin de ses désordres, et il l’en reprit vivement dans le voyage qu’il fit à Paris. Ervise s’inquiéta peu de ces avertissements et continua ses scandales; c’est ce que nous apprenons d’une lettre du même pontife, où il appelle l’abbé de Saint-Victor un autre César, qui disposait de tout selon ses caprices, qui méprisait les statuts de son ordre, et qui, loin de profiter des remontrances pontificales que lui avait attirées sa négligence, se montrait de plus en plus incorrigible. Les choses en vinrent à ce point, que le souverain pontife, touché de l’état déplorable de cette maison auparavant si florissante, nomma trois commissaires: Guillaume, archevêque de Sens ; Etienne, évêque de Maux, et Nicolas, abbé du Val-Secret, pour visiter et réformer l’abbaye de Saint- Victor, avec pouvoir de déposer l’abbé, s’il était nécessaire, et d’exiler les chanoines vicieux.
Le pape voulut toutefois que les commissaires agissent de concert avec l’évêque de Paris, supérieur immédiat de cette maison. II écrivit en mémé temps au roi Louis VII, pour l’exhorter à contribuer, de son autorité, au rétablissement du bon ordre dans le monastère. Ces deux lettres se trouvent rapportées, sous Jan 1169, dans les annales manuscrites de Saint-Víctor. On sait quels artifices l’abbé éluda, pour cette fois, la punition qu’il méritait ; mais il est sûr qu'il ne profita pas de l’indulgence qu’on eut pour lui dans cette occasion. Aussi Alexandre III fut-il oblige d’écrire de nouveau, quelque temps après, au roi et à l’archevêque de Sens, pour les exhorter à ne plus différer la réforme qu’il leur avait confiée.